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Swans – We Rose From Your Bed with the Sun in our Head

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On ne fait pas de la musique par hasard. On ne se lève pas un matin avec la conviction que sa vie sera consacrée à un art sans avoir gambergé, sans avoir vécu. On peut et je le conçois entretenir une vocation innée, des facilités et un talent génétiques, mais c'est issu de germain, m'est avis, que le choix d'une vie d'art se fait. Empiriquement.

Lorsque j'entends résonner les miaulements d'untel ou de son voisin de palier chartien sur des mélodies sans saveur à mes oreilles, sans force et sans direction, je ne me contente pas de raisonner en critique acerbe méprisant le manque d'ambition que je conçois derrière les sons produits. Je pense aussi qu'il s'agit, pour ces adorateurs de la pensée sourde, pour ces imbéciles heureux, pour ces tire-à-blanc conquérants, d'exprimer un choix, le leur et pas seulement celui de leur entourage sociétal, médiatique ou parental ; le choix d'une parole. Quand bien même l'on se montrerait haineux à l'endroit d'une telle parole, il serait indigne que de nier à ceux qui la propagent de n'avoir pas choisi de le faire. Tout comme il serait inconscient d'écouter Swans sans interpréter, outre la musique produite, les raisons pour lesquelles cette musique est composée, jouée, enregistrée et distribuée.


(The Apostate)

Auteurs d'un retour remarqué en 2010 avec un très bon album (et l'on parle d'ores et déjà de son successeur pour dans quelques mois), le groupe New Yorkais, jamais avare de sorties semi-officielles et de bootlegs, a distribué il y a quelques semaines un enregistrement live documentant l'expérience vécue par les musiciens et leurs publics lors des deux dernières années. C'est là un document éprouvant par sa violence, sa perpétuité (on se demande dès l'introduction No Words, No Thoughts si l'on en verra le bout), son lent déroulement de rage sonore... Non, pas de rage, la rage est une perte de contrôle et Swans est une bande de control-freaks. Rien n'est laissé au hasard des mesures plombées qui amènent le propos (car il s'agit là d'un propos ; vous savez bien... ce que l'on nomme aussi "discours" ou "parole", qui sert un dessein ; il fut un temps où les propos pullulaient chez les musiciens pop)  à un rythme plus rapide qu'en studio, avec une hargne tangible. On ne m’ôtera pas de l'esprit que cette hargne n'est pas manufacturée. Il est proposé un second disque, d'ailleurs, qui éclaire encore la parole de Gira, seul en scène, départi du maelström sonique mais tout à fait capable sur ses seules guitare et voix de transmettre la même parole, à peine altérée, tout au plus apaisée. C'est d'ailleurs pourquoi je considère ce bootleg comme l'un des meilleurs enregistrements à avoir fait surface depuis six mois. Il n'est pas une posture, il n'est pas une attitude, comme il n'est pas un compromis. C'est l'expression brute de la tambouille de sentiment et de personnalité des musiciens de Swans, et notamment de leur meneur, Michael Gira. C'est la somme de l'expérience de vie de chacun de ces hommes. C'est un témoignage sans fard, c'est une musique vivante, c'est la vérité. Croyez-moi, il est temps pour nous tous de nous habituer à entendre la vérité.

 

Joe Gonzalez


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